Qui rendra à la France sa voix dans le monde ?

Publié le par desirs d'avenir 95

charl-a-1-.jpg

   Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont été incapables de mesurer l’ampleur des évènements en Tunisie. La ministre des Affaires étrangères reconnaît que la France « n’avait vu venir ces évènements ». Le ministre de la Défense Alain Juppé reconnaît, de son côté, que la France « a sous-estimé l'exaspération du peuple tunisien face à un régime policier et à une répression sévère ». 

C’est l’aveu de l’échec d’une politique mais qui garde toutefois une part d’ombre inavouée et inacceptable. Alors que le peuple tunisien luttait pour sa liberté, Michèle Alliot-Marie proposait aux députés d’apporter l’aide des forces de sécurité françaises au pouvoir de Ben Ali, dans une incompréhension totale des événements. Une proposition ignoble compte tenu de la situation mais qui n’est toujours pas excusée par le chef du gouvernement français préférant sauver sa ministre plutôt que de sauver l’honneur de la France.

 

Mais au-delà de cet évènement c’est toute la politique étrangère de la France qui est remise en cause. Une politique axée d’abord sur la gloire d’un homme, Nicolas Sarkozy, qui a surtout recherché à paraître dans les grands sommets mondiaux, aux côtés des grands dirigeants, accomplissement d’une réussite personnelle.

 Un président allant jusqu’à donner le spectacle ridicule, digne d‘un bourgeois gentilhomme, pour paraître l’homme fort du monde au-dessus d’un président américain… Quelle rigolade !

 Une politique axée ensuite sur la signature de contrats commerciaux juteux au profit des grandes entreprises françaises au point de fermer les yeux sur les droits de l’homme dans le monde. Peu importe si l’on arrête, si l’on torture, si l’on assassine les peuples, il est toujours préférable de signer les contrats !

 

Qui rendra à la France sa voix dans le monde ? La voix d’un peuple libre vers les peuples libres ou en quête de liberté ?

 

On se souvient du vibrant discours de François Mitterrand à Cancun au Mexique en octobre 1981. La France savait encore trouver les mots dignes et forts pour parler aux peuples du monde :

« A tous les combattants de la liberté, la France lance son message d'espoir. Elle adresse son salut aux femmes, aux hommes, aux enfants mêmes, oui, à ces "enfant héros" semblables à ceux qui dans cette ville, sauvèrent jadis l'honneur de votre patrie et qui tombent en ce moment-même de par le monde, pour un noble idéal.

- Salut aux humiliés, aux émigrés, aux exilés sur leur propre terre qui veulent vivre et vivre libres.

- Salut à celles et à ceux qu'on bâillonne, qu'on persécute ou qu'on torture, qui veulent vivre et vivre libres.

- Salut aux séquestrés, aux disparus et aux assassinés qui voulaient seulement vivre et vivre libres.

- Salut aux prêtres brutalisés, aux syndicalistes emprisonnés, aux chômeurs qui vendent leur sang pour survivre, aux indiens pourchassés dans leur forêt, aux travailleurs sans droit, aux paysans sans terre, aux résistants sans arme qui veulent vivre et vivre libres.

- A tous, la France dit : Courage, la liberté vaincra. Et si elle le dit depuis la capitale du Mexique, c'est qu'ici ces mots possèdent tout leur sens. »

 

Maintenant qui rendra à la France sa voix dans le monde ? La voix d’un peuple libre vers les peuples libres ou en quête de liberté ?

 

Oui j’ose le dire et prendre une nouvelle fois parti. Il y a une voix en France, une voix seulement, qui a compris que la politique étrangère de la France ce n’est pas seulement de parler avec les dirigeants dans les palais du monde, ce n’est pas seulement de signer des contrats commerciaux, c’est aussi être capable de rencontrer et de parler aux peuples ! Au-delà de tous les sarcasmes, de tous les propos méprisants des uns et des autres, cette voix je n’en connais qu’une aujourd’hui : Ségolène Royal   

 

On se souvient de ce voyage extraordinaire au Chili en janvier 2006 pour soutenir l’élection de Michelle Bachelet et donner à la France une autre image aux-côtés des peuples.

On se souvient de ce discours de Dakar en juillet 2007 et de ces mots pour rendre à la France son honneur après les paroles ignobles de Nicolas Sarkozy « Quelqu’un est venu ici vous dire que "l’Homme africain n’est pas encore entré dans l’Histoire. Pardon, pardon pour ces paroles humiliantes et qui n’auraient jamais dû être prononcées et -je vous le dis en confidence- qui n’engagent ni la France, ni les Français ».

On se souvient de ce discours pour l’Europe des peuples à Athènes en mai 2009 aux côtés de George Papandreou « nos peuples n’ont plus guère confiance en elle, et c’est cette confiance qu’il faut rebâtir, sur d’autres bases pour qu’elle ne soit plus regardée comme, au pire la complice du capitalisme sans foi ni loi qui est à l’origine du désastre humain d’aujourd’hui, au moins pire comme une entité lointaine, et peu démocratique.»

On se souvient de ce voyage en mars 2010 à Essaouira au Maroc pour soutenir les avancées du code de la famille et porter la voix des droits de la femme.

On se souvient de ces paroles au Brésil en avril 2010 pour « un autre monde possible, une alternative à gauche pour imposer le respect de l’être humain et de son environnement » et de sa rencontre avec le président Lula et Dilma Rousseff qui lui a succédé depuis. Ces mots sonnent toujours aussi juste aujourd’hui …

 

Ségolène Royal a su trouver les mots les plus simples et les plus beaux pour saluer la révolution de jasmin "que vive la Tunisie libre et démocratique !".

 

Oui Madame Royal vous portez aujourd’hui cette autre voix de la France et cette voix nous sommes nombreux à la soutenir.

 

Philippe Allard

  

 

Publié dans Articles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article